Le Pont des Arts et des Rencontres Culturelles Blanche Maynadier

Boites qui boitent

 

Les boites de bois des bouquinistes

Ont connu des années bien tristes

Boites fermées, muettes. Virus sinistre.

Sur la rambarde du quai, les boites boitent.

Quatre jambes métalliques en équilibre

Sur le parapet de pierre, à l’air libre.

La pluie a crevé le bois, qui lors, vibre

Sous le vent, et les boites boitent.

                               La Seine aime ces décorations là-haut,

                                               Sur son parcours, une dentelle de créneaux

                               Comme des traits d’union rigolos.

                                               Des bouquins, du boucan, les boites boitent.

 

Bouquinistes, affichistes, vendeurs de rêve.

La place est réduite, mais les objets sans trêve

Surgissent de la boite ouverte, place de Grève.

Farfouillées, agitées, les boites boitent.

La boite craque, le passé la croque.

                Le soir, le rangement parfois de bric et de broc

                               Perce ses flancs fatigués d’un fatal estoc.

                Le bouquiniste, tel un pantin de bois, la quitte. Il boite.


***


Ma Dame, mon drame

 

Aérienne et arachnéenne, tu l’es désormais

Le vent dans les voiles, tu es partie en flèche

Sur le quai Montebello, je t’attendais.

Le temps d’une flamme, et ma gorge sèche

 

Avant que d’être mienne, tu fus Nôtre

Toi la Dame de tant de cœurs

Tu as vite planqué tes satanés apôtres

Et tu as filé au ciel en quelques heures

 

Pour toi, j’avais préparé un bouquet de roses

Coupées dans les jardins du sud au nord

Tu les as vite senties, mais avant que je ne le dépose

Tu t’es cachée, meurtrie, préservant ton trésor

 

Quelle aventure sur ce pont ! Serais-tu volage ?

Tes yeux de braise sont des charbons ardents

J’aurais dû me méfier de ton bel âge…

Cathédrale de pierre, tu connais mon sentiment.



****




Fluctuat, nec mergitur  

 

Poète, devise donc en latin,

Toi qui fais le malin !

Fluctuat, nec mergitur…

 

Sur les murs de la cité,

La devise est affichée !

Fluctuat, lève la voilure…

 

 

Le bateau flotte, le drapeau flotte,

Les détritus aussi flottent !

De l’égout vers l’embouchure…

 

Alors, ici commence la mer,

Ne jette rien, même pas tes vers !

La mer n’est pas un flot d’ordures…

Derniers commentaires

10.05 | 13:25

Hello Didier,
Après Art-Cœur, un autre point de contact avec tes mondes poétiques, j'attends la prochaine rencontre avec impatience,
Christian

24.04 | 07:54

"La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer le silence" (Miles Davis)

08.11 | 18:36

Bonjour, j'ai cotoyé votre maman à Molay et je voudrais vous envoyer une photo que j'ai prise devant sa maison natale

07.08 | 16:21

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Préface de Martial Maynadier                 Directeur de la Collection le Parc

Arnaud est non seulement mon cousin de famille, mais aussi un parent proche en poésie. Il a reçu avec le goût de l’écriture celui d’apprécier les dons de  la nature, ses beautés paysagères, animales, végétales, et il sait trouver les mots pour les dire. Ses poèmes prolifèrent et se développent, avec naturel et aisance ; ils habillent les pages dans la dispositions des mots ici accompagnés d’images qu’il sait capter, éclairer, cadrer, sous leur meilleur angle.

Les vers et les rimes foisonnent et coulent de bonne source.

De même que sa tante et ma mère, Blanche Maynadier se relevait la nuit pour noter un alexandrin qui lui était venu dans un rêve, je le soupçonne de distiller ses poèmes dès l’heure du petit déjeuner et de vivre ses journées en poésie jusqu’au crépuscule et au-delà.

Il est vrai que quand il n’écrit pas, ni fait écrire autour de lui, il chante. L’art et la culture rayonne dans son environnement, et l’écriture lui vient comme une respiration. Ce premier livre qui en appelle d’autres, est une invitation à partager cette approche poétique qui donne sens et beauté au monde qui nous entoure.

EXTRAITS de l'ouvrage :

L’innocente au lasso

Comme une rupture dans le paysage

Apparaît la toile, tissage de dentelle pure

Le ciel passe à travers le délicat ouvrage

Éclaboussant le sol en clair-obscur

L’araignée brode librement le fil éphémère

S’amusant à se promener sur la voilure

Espérant emprisonner l’imprudent diptère

Et le déguster, fin de sa funeste aventure

La liberté de l’insecte a fini sur ce rivage

Que de vaisseaux ainsi tristement amarrés

Qui croyaient traverser l’océan sans mirage

Et se sont englués leurs ailes chamarrées

Infatigable arthropode aux fils de soie

Tu captes l’escapade de la gent ailée

Avec ton tableau léger et narquois

Même la lune vient s’y déchirer

Dans les rets apparemment fragiles

Le ciel, les ombres et les gouttes d’eau

Sont captifs du réseau invisible des fils

L’araignée joue l’innocente avec son lasso

Ovale duveteux

Dans un ovale duveteux

Qui mêle les courbes douces

Le cygne cache bien son jeu

Le cou enfoncé sous son aile

Equilibre au bord du lac

Plumage blanc en dentelle

Avec souplesse élégante

Le cou se déploie en l’air

Fin périscope en attente

Il rejoint les flots tranquilles

Patineur de l’aquatique

Le silence est si fragile

Pourquoi faut-il s’envoler ?

Quitter lourdement le sol ?

Vraiment quelle drôle d’idée !

Sur l’eau il trace un sillage

Dans les airs il s’en amuse

Dévoilant tout son plumage

Symbole de la pureté

Blanc virginal éclatant

Oh ! Le cygne noir chassé…

Ciel

Il baigne l’eau de la rivière

D’un bleu envahissant

Par teintes cueillies au mystère

Le ciel dévore les éléments

Enveloppe de nuages flottant

Suspendus à l’éphémère

Le ciel, un ogre géant

Toujours en réserve de tonnerre

Il commande de son paradis

A la terre nourricière

Sans écouter quand elle gémit

Si la boue surgit de la poussière

Difficile de discerner parfois

Où commence le ciel

L’océan sans voix

Tant ils sont essentiels

Sur la palette du peintre

J’ai déposé toutes ses vies

Du sol jusqu’aux cintres

Le ciel a d’infinis coloris

Dans le bleu ciel de ton regard

Je me suis baigné à l’horizon

S’y noyer vraiment est tout un art

Tu m’as sauvé, avais-tu raison ?


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10.05 | 13:25

Hello Didier,
Après Art-Cœur, un autre point de contact avec tes mondes poétiques, j'attends la prochaine rencontre avec impatience,
Christian

24.04 | 07:54

"La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer le silence" (Miles Davis)

08.11 | 18:36

Bonjour, j'ai cotoyé votre maman à Molay et je voudrais vous envoyer une photo que j'ai prise devant sa maison natale

07.08 | 16:21

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