Le Pont des Arts et des Rencontres Culturelles Blanche Maynadier
Préface de Martial Maynadier
Directeur de la Collection Le Parc
Ce deuxième recueil poétique d’Emmanuel Hubert, Déclinaisons des cimes, exprime comme le précédent Petite épopée de la traversée des replis intérieurs, un univers créatif très personnel, tourmenté et composite. Le recueil mêle chansons et poésies. Ce sera au lecteur de les distinguer dans un ensemble qui alterne des textes sombres, mystérieux, voire mystiques, et d’autres proches du quotidien, emprunts d’une vision plus apaisée de la vie. L’architecture d’ensemble de l’ouvrage s’organise comme une invitation au voyage tant intérieur qu’extérieur, une exploration des abîmes et des cimes…Une évolution apparemment erratique, mais construite, entre néant désespéré et horizons plus optimistes.
Emmanuel Hubert connait ses classiques… et ses modernes. La fréquentation des grands maîtres, de Hugo à Baudelaire est perceptible dans son inspiration qui révèle aussi des échos de Lautréamont ou d’Henri Michaux. Un humour quelque peu « kafkaïen », nous accompagne également dans la métamorphose des textes….
L’auteur étant également compositeur et interprète, il faut imaginer cet ouvrage comme pouvant faire l’objet d’une mise en scène théâtrale avec une musique appropriée ( qu’il a déjà composée). C’est pourquoi l’on ne sera pas surpris de trouver à la fin du recueil un même texte, judicieusement nommé Horizon, se répétant puisque destiné à une variété d’interprétations.
Début du livre :
Absolu. Quasi zéro absolu.
Nul mouvement. Nulle vie.
Aucun signe, de nulle part. Personne qui ne vient,
Personne qui ne part. Infinitude de linéaments,
Superposés. Décantation saturée dans la lenteur,
Millénaire dans ses couches. Immobilisme quasi
Total. Non-vie. Non-mouvement. Respiration, un
Peu. Bruits alentour, un peu. Isolement clinique
Dans une camisole d’appartement. Petitesse de tout.
Etroitesse de tout. Infini du rien. Musique, bruits,
Paroles alentour, un peu. Repli sépulcral. Araignée dans
Son trou. Mortification intense, non-être radical,
Total, absolu. Complètement immergé et
Submergé par le noir. Immersion profonde,
Large, intense, dense. Réclusion d’ermite dans
Le cœur d’une ville. Respiration,
Méditation, sérénité, respiration…
Cette aiguille qui me fouille dedans l’œil et le crâne,
Arrivera-t-elle à trouver quelque repos,
Autre part que dans les infinis chaotiques ?
Recherchant un havre de quiétude et de paix,
Son aboutissement tiendrait-il des abîmes ?
Dans l’épanchement flasque et lâche de sa mélasse,
Tituberait-elle encore cherchant des écarts ?
Lieu de la douleur qui est néant de matière,
Pointe en forme de bouche qui dévore et aspire
Le corps qui s’éteint comme une flamme qui vacille,
Etoile, étincelle, intermittence qui scintille ;
Le néant a situé ici son lieu de vie,
Enveloppé du vide cosmique sacramental,
L’absence du vide comme source de prison translucide,
Présence tyrannique d’une omnipotente absence ;
Addiction au vide cosmique puissance héroïne,
Epoux du néant étant trou noir absorbant,
Triple injection à la trinitroglycérine,
Saloperie incurable incrustée physique,
Douleur d’obsédé obstiné jusqu’à crever,
Nivellement transvasif d’interconnexions,
Bouillonnements d’absolutismes irrésolus,
Violence extrême d’un marteau piqueur acharné ;
Des incinérations à la chaîne des enchaînes ;
Débrouiller sables et poussières d’un feu éternel,
Souffles chauds des brasiers de fournaises et de braises,
Enchaînements d’enroulements-déroulements,
Postures d’impostures entrelacées délacées,
Doigt enfin posé sur l’infini de toute chose,
Attentismes et déliriums rétrogrades en phases,
Cheminements entortillés indéfinis,
Monceaux épars de gueule explosée en déluge ;
Les tournis, les tourments et les retournements,
Les errances d’une odeur vagabonde impérieuse,
Une ivresse des altitudes nauséabondantes,
Une ligne de crête en transe sinusoïdale,
Fulgurance des fuminogènes désintoxiques,
Fibrillements des quasi-polychromes sur cible,
Retranchement des buts dans les ultimes raccords ;
Des illusions réactionnaires des envergures ;
Orienter les fumées vers des abstractions torses ;
Capture de signaux dans les brouillards perdus,
Attouchements d’étoffes satinées rouges rubis,
Répandues d’infinitudes resplendissantes…
Emanations du vide,
Vide comme source de vie,
Puanteurs séduisantes du morbide,
Odeurs d’églises, tombeaux
D’où tombe une goutte vers l’infini,
Bétons de pierre parallélépipédiques,
Gris, vermoulus et sales, sombres,
Cubismes d’où filtre une respiration arrêtée,
Suffocante, étincelante, noire.
Source d’émanations de vide,
Serpent de vie enroulé au morbide,
Cristal sur lequel pleure la goutte du venin,
Erosion qui fendille l’éclat,
Meurtrissure du vide anéantit,
Béance de la plaie en marécages.
Emanations, feux-follets, spectres, vertiges,
Chute infinie, hallucinations, champignons,
Eau noire, tourbe, fouilles, remontées cadavériques,
Marécages étales, plantes, planéités horizontales.
Rien ne se meut,
L’univers se désole,
Des craintes s’insinuent,
Qui tuent l’espérance,
Et je suis de plus en plus malade,
De désirer
Qu’on m’isole.
Dans le silence,
L’univers se désole,
Des pas indicibles,
Des pas inaudibles,
Et je suis comme une goutte d’ombre,
Seul dans l’océ-
An de la nuit.
Inexistant,
L’univers se désole,
Seul dans l’infini,
Seul dans l’invisible,
Et je suis touché par le néant,
Par le baiser
De la mort.
Et je suis perdu dans les étoiles,
Cité immense,
Evanoui(e).
Aux commencements des origines, dans les orbes de tes raréfactions,
Dans les restes de tes gestes, dans les voiles sombres de tes passages,
Dans les minuties de tes tapotements tactiles, Ô ! Commencements
Des origines, dans les stratifications gorgées de sang et de
Racines, dans les terres mouillées gorgées de plantes et de
Pleurs, où êtes-vous sentinelles, vertèbres macabres des sentiers
Des origines ? Vers quels chemins rocailleux et poussiéreux
Vous ont mené les années, tirés par je ne sais quels faisceaux,
Prismes de la réalité et des rêves, cristaux dont les pointes
Montrent des au-delàs, tirent vers d’autres ailleurs toujours
Plus reculés, tout aussi présents… Quels sont les vertiges qui
Nous font encore palpiter, haleter ? Le souffle des origines,
Aux commencements était le souffle des origines, l’artefact
Médian des réalités nouvelles, des orbes non encore réglés
Sur des mouvements synchrones, comme les engrenages d’une
Horlogerie fine, fragile et parfaite…
(chœur)
Dans les visions et les intuitions cosmogoniques des hypertrophies du Sensible, par l’alpha et l’oméga qui zèbrent d’une rupture nos sens Respectifs, comme une signature. En vertu de communications supra-Sensorielles, nous trouverons les voix des kaléidoscopies neuronales
Qui nous mèneront vers les lumières de la sagesse, les ouvertures du Corps et de l’esprit, pour une paix universelle et perpétuelle. Je me Nomme Amour. Je suis solaire.
Derniers commentaires
10.05 | 13:25
Hello Didier,
Après Art-Cœur, un autre point de contact avec tes mondes poétiques, j'attends la prochaine rencontre avec impatience,
Christian
24.04 | 07:54
"La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer le silence" (Miles Davis)
08.11 | 18:36
Bonjour, j'ai cotoyé votre maman à Molay et je voudrais vous envoyer une photo que j'ai prise devant sa maison natale
07.08 | 16:21