Le Pont des Arts et des Rencontres Culturelles Blanche Maynadier
recueil de Poésie : L'ESCALE DES GOELANDS
Préface de Martial Maynadier
directeur de la Collection le Parc
Michelle Chevalier nous offre un deuxième recueil de poésie qui nous fait respirer les embruns de l’océan et nous donne l’envie du grand large. Ce recueil témoigne d’une expérience de vie inattendue dans un appartement de Rochebonne, aux portes de Saint Malo durant les quatre années qui viennent de s’écouler. En ces temps de menace et de confinement que nous venons de traverser, Michelle eut la chance de bénéficier d’une véritable « bulle malouine » transformant l’univers des contraintes en un merveilleux espace de liberté créative. Elle écrivit en effet beaucoup durant cette période, et le plus souvent sur l’espace marin l’environnant.
« Fille du bord de mer », elle le fut dès l’enfance, et l’eau dans tous ses états lui est demeurée familière. En dépit de l’atmosphère des temps, des deuils qui l’ont frappée, des difficultés traversées, c’est un livre de réconfort qu’elle nous offre, au moment même où elle doit renoncer à cette habitation qui lui apporta tant de soutien. Elle loge en son livre, ses souvenirs et rêveries et les partage avec nous, pour notre plus grand plaisir de lecteur. C’est avec gratitude que nous la remercions de cette convivialité maritime.
TEXTES :
AVEC MON VÉLO
Avec mon vélo
L’aventure est raccourcie,
Avec ma bicyclette
Elle prend de l’ampleur,
Et qui plus est
Plaisante à prononcer
À répéter
À faire tinter
Ça rime avec clochette
Avec pirouette
Avec fillette
Avec vaguelette
Chère bicyclette
Que serais-je sans toi
Devenue ?
Je n’avais pas cinq ans,
J’ouvrais la barrière du jardin,
La rue était mienne,
Le monde était mien,
J’enfourchais ma monture
Et filais à travers les marais
Cheveux au vent
Regard brillant
Petit sac en bandoulière
Je chantais
Et plus je chantais, plus je pédalais
J’entendais, loin derrière moi, une voix en sourdine.
Je dépassais en trombe
Les eaux vert-gris des marais
La gracile roselière
Les bosquets inquiétants
Et les maisons côtières
Couleur jaune fleuries
Je volais vers la victoire
Je bordais à droite,
Manquais d’m’étaler
Et débouchais enfin
Devant LA MER
Resplendissante
Sautillante
Captivante !
Et puis les dunes,
Blondes ou brunes
Et les grands pins
Odorants comme l’enfance.
La voix de Maman coupait court ma contemplation
« Tu es encore allée trop vite,
Combien de fois faudra t-il te le dire » ?
J’échappais à la punition.
Avec soulagement
Je lorgnais du coin de l’œil
« Ma p’tite Reine »
Elle et moi, encore toutes rouges
Comme des coquelicots :
« Gentil coqu’licot mesdames
Gentil coqu’licot nouveau » !
Et tant pis pour ma bouée-canard
Oubliée !!
07.04.2020
Là, où tout n’est que chuchotement
Tout n’est que frémissement
Que léger bruissement de la branche qui ploie
Tu reposes
Derrière le mur de pierres
Où s’accroche une vigne rouge
Où le lézard cherche fortune
Les bruits incongrus de la cité
Sont comme ignorés en ce monde
Clos : Jardin du Souvenir
Hors les murs, les feuilles juvéniles des acacias
Me poursuivent, m’entourbillonnent
L’automne, déjà ! A pas menus
Deux femmes, tête penchée,
S’en retournent pensivement
Des gouttelettes referment ce poignant tableau
Puis la pluie s’abat en rafale.
La mer, ce soir, porte en son flanc le couchant
Et peint en lettres de feu, ton prénom
Fernande ! Maman.
Cimetière de l’Est (Rennes) et St Malo, 27 août 2020
TIERSDEBROSSE
L'Auteure
Michelle Chevalier, accordeuse et éveilleuse de voix, pratique pour son plaisir le chant et la plume. Elle s’amuse ici à vous
offrir un récit décalé qui a pris naissance au pied du Mont Mézenc, en l’été 2014.
Le Personnage
Tiersdebrosse, un personnage au poil et pas rasoir, dans une histoire,
il faut
bien le dire, quelque peu tirée par les cheveux !
L'Illustratrice
Papiers, tissus, boutons, paille, cailloux, poils, Salomé Malevergne collecte des petits bouts de rien, ça et là, et crée des mondes
qui amènent les enfants, mais pas que, à la curiosité et à la découverte de ce qui les entoure.
Côté Coeur Côté Jardin
Préface de Martial Maynadier
Directeur de la Collection Le Parc
J’ai rencontré Michelle Chevalier en 2000, au chœur Véga, avant même de créer le Café Poétique d’Evreux, à l’hôtel de la Biche, l’année suivante. Elle en fut l’une des plus fidèles. En 2002, elle participait, avec moi aux ateliers d’écritures mis en place par la médiathèque d’Evreux sous l’égide de Luis Porquet. Ce fut un beau moment qui lui donna, le goût d’écrire et la confiance en la page blanche incitative et non paralysante. Nous avions déjà partagé en 2001, l’expérience du désert, cette autre grande page à parcourir où s’inscrivent les pas de l’essentiel. A partir de 2006, elle fut la plus assidue aux moments d’écriture que j’organisai, d’abord à la Biche, puis dans les locaux de l’ancienne Ecole Normale d’Evreux Saint Michel.
Cette fois-ci, c’était le poète Christophe Lamiot, alors mon collègue dans cet établissement, qui animait l’atelier.
En 2008, Michelle Chevalier contribua grandement à la création de l’association Le PONT DES ARTS ET DES RENCONTRES CULTURELLES BLANCHE MAYNADIER. Sans abandonner ses activités d’art lyrique, elle développa de plus en plus ses capacités d’écriture, en déployant ses dons de créativité et de fantaisie.
Inscrite dans plusieurs associations poétiques, l’Ouvre-boîte à poèmes de Soisy-sous-Montmorrency, Poésie et Nouvelles en Normandie à Pont Audemer ; elle a également participé à plusieurs stages liés à l’écriture, en particulier aux Estables, en Haute Loire, à l’initiative de l’écrivain poète, Sylvain Josserrand.
Issu de ces travaux de stage, un album, original et drôle naquit : TIERSDEBROSSE, publié au printemps 2015 dans la collection Le Parc, avec des illustrations de Salomé Malevergne.
Michelle Chevalier a participé à de nombreuses publications collectives et il était plus que justice qu’elle rassemble à présent un florilège de ses textes poétiques, rédigés de 2001 à 2015.
Vous trouverez dans cet ouvrage près de 80 poèmes, regroupés selon diverses rubriques correspondant aux facettes d’inspiration de l’auteure. Les textes ont été classés de manière chronologique à l’intérieur de chaque section.
Le livre peut être parcouru, comme au hasard d’une promenade en liberté, il peut aussi être lu du début à la fin. Le plaisir sera le même, et l’envie de le reprendre se manifestera certainement pour relire ces poèmes, emplis de fraîcheur, de délicatesse d’humour ou de gravité. Bonne lecture. Et sans doute, vous en redemanderez…..
Un poème du recueil:
Au jardin d’amour
A Jacqueline Lemiègre
Ou es-tu mon amie ?
« Je suis le blanc de ta page
Tu ne peux me voir »
Qui aurait dit qu’un jour
Tu partirais si vite hors de notre vue ?
«Je suis tranquille et humble dans ma retraite
Couvre ta page de rimes, je te fais signe ! »
Amie, pourquoi t’enfuyais-tu cet hiver
Après les moments d’écriture ?
Tu taisais ce qu’auparavant tu m’aurais conté
Même ton sourire s’était ombré
Se peut-il que tu pressentais
Toi, la clairvoyante
Que tu étais sur le « départ » ?
« La terre m’a tout donné » disais-tu
Et te voilà tombée au jardin d’amour !
Ici, on te rend hommage
Comme on peut
Avec des forces si minces
Face à l’immensitude où tu goûtes un repos mérité
Aujourd’hui, c’est un nouveau printemps
O Combien tu aimais cette saison joliette !
Et la terre, telle un destrier ardent
T’a emportée résolument
En princesse que tu es
Tu restes dans mon cœur
Guichainville 20.03.2015
Derniers commentaires
10.05 | 13:25
Hello Didier,
Après Art-Cœur, un autre point de contact avec tes mondes poétiques, j'attends la prochaine rencontre avec impatience,
Christian
24.04 | 07:54
"La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer le silence" (Miles Davis)
08.11 | 18:36
Bonjour, j'ai cotoyé votre maman à Molay et je voudrais vous envoyer une photo que j'ai prise devant sa maison natale
07.08 | 16:21