Le Pont des Arts et des Rencontres Culturelles Blanche Maynadier
Derniers commentaires
10.05 | 13:25
Hello Didier,
Après Art-Cœur, un autre point de contact avec tes mondes poétiques, j'attends la prochaine rencontre avec impatience,
Christian
24.04 | 07:54
"La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer le silence" (Miles Davis)
08.11 | 18:36
Bonjour, j'ai cotoyé votre maman à Molay et je voudrais vous envoyer une photo que j'ai prise devant sa maison natale
07.08 | 16:21
DE PAT à BALADIN
Avant-propos de Martial Maynadier
Directeur de la collection le parc
Il y a du François Villon, du Gaston Couté, du Boris Vian, du Brassens, du Bernard Dimay, du Renaud, du Bobby Lapointe, et même une dose de surréalisme chez cet homme-là ! Autodidacte, chantre et trouvère d’une culture populaire qui vient de loin, Patrick Baladin (qui porte bien son nom) nous offre dans ce premier recueil poétique, après de nombreuses prestations publiques et plusieurs disques, un cocktail détonnant, à déguster sans modération. La tradition populaire et savante à la fois s’incarne ici dans des textes qui renouent l’antique chanson des rues à l’éternelle poésie, le tout avec une bonne dose de modernité satirique !
Dans une langue toute personnelle, avec une érudition linguistique étourdissante et une verve syntaxique parfois déconcertante, les poèmes de Patrick Baladin, nous donnent le tournis, nous enivrent de mots et d’images. La plus saine grossièreté côtoie ici le raffinement des mots rares. Aucune ponctuation affichée, mais une musicalité constante. Se fiant à l’intelligence sensible de ses lecteurs, l’auteur les invite à construire eux-mêmes le rythme des phrases et même le sens de certains passages… Il n’est que de se laisser porter, un vers suivant l’autre, au grand comptoir de Poésie !
Claude Hardy est un poète né en Normandie. La Seine et l’Epte irriguent ses images d’enfance et son écriture poétique. Des études de Lettres le mènent au professorat. A partir de 2009 sa vocation poétique se révèle, d’abord associée à l’œuvre du peintre Gérard Marchand.
2010 : publication de son premier recueil : « Paroles de sable à la mer ».
2010-2011, il travaille avec un autre peintre, Françoise Roullier à la confection d’un « livret d’artiste ».
2012 : publication de son second recueil : « Les corps d’un poète ».
2014 : publication du troisième recueil : « Le calme en ce royaume ».
Claude Hardy est membre de Poésie et Nouvelles en Normandie.
Sa poésie originale, hors norme, s’apparente au lyrisme et s’attache à la notion de « paysage intérieur ». Elle est écrite dans une langue qui rompt avec l’écriture conventionnelle.
« Claude Hardy en appelle au chant, il croit aux pouvoirs du vocable. Ses textes sont profération, enchantement de la parole. .. Mais ses mots gardent aussi un sens, qui n’est pas « celui de la tribu » comme le disait si bien Mallarmé, mais un sens qui suggère, emporte et ravit celui qui accepte de se laisser entraîner dans les sarabandes syntaxiques et sémantiques de l’auteur. Comme tout vrai créateur, Claude Hardy a son langage personnel à ses fins poétiques. Rien n’est donné à la facilité. Mais il faut se laisser porter, comme par le fleuve, emporter comme par la femme, vers l’océan du texte, et accepter cette invitation au voyage, au savoir, et à la découverte… »
Martial Maynadier
Méno, est née dans une petite ville de l'Eure. Retraitée de la fonction publique, très attachée à sa Normandie natale, elle a réalisé un de ses rêves en écrivant ce livre.
DES COEURS DANS LA TEMPÊTE
Ce premier roman raconte l'histoire d'une quinquagénaire, retraitée depuis peu, qui va se mettre au service d'habitants d'un village sinistré par une catastrophe naturelle. Au cours de cette aventure riche en péripéties, elle va rencontrer l'Amour, mais aussi, avoir le cœur bouleversé par un petit bonhomme répondant au prénom de Diégo.....
CHAPITRE 1
Maussade, maussade, maussade pour ne pas dire triste à mourir que cette journée du dimanche 12 novembre, il n’est que 13h 15. La météo est déplorable et les informations télévisées semblent être faites pour mettre le moral des troupes dans les «chaussettes», relatant les multiples accidents de la route au cours de ce long week-end, annonçant du froid et de la pluie. Quant au programme télé par lui-même, il n’est pas plus réjouissant, nous proposant des films déjà vus maintes fois.
J’en suis là de mes réflexions, assise sur mon canapé, une tasse de café fumant à la main. Veuve depuis plusieurs années, retraitée depuis peu, vivant seule (mes filles étant mariées) les journées se déroulent semblables les unes aux autres, un peu tristounettes je dois l’avouer. Il faut à tout prix que je sorte de cette espèce de torpeur qui m’envahit peu à peu.
Moi, Cathy BERGER, quinquagénaire, j’ai passé la plus grande partie de ma vie à me mettre au service des autres, à militer avec ardeur pour mes idées, tant politiques que syndicales, et j’ai acquis une réputation de fonceuse, d’une personne qui ne baisse pas facilement les bras, et là je me morfonds dans mon salon, tournant en rond comme un lion en cage.
Il faut que je parle à quelqu’un. C’est mon amie Alice GARCIA qui est désignée pour subir mes jérémiades. Alice est une «fille» épatante, d’un calme olympien, prête à écouter les doléances de chacun et toujours d’excellent conseil. Nous avons travaillé plusieurs années ensemble dans une collectivité territoriale, et bien qu’elle ait stoppé ses activités professionnelles pour élever ses enfants (tous mariés aujourd’hui), nous sommes restées très proches.
Je compose son numéro et la douce voix de mon amie m’accueille par un «âllo, oui»
- Coucou Alice, c’est moi Cathy, je ne suis pas très en forme et j’ai besoin de parler à quelqu’un, j’espère que je ne te dérange pas .
- Je n’ai que peu de temps à te consacrer, je suis invitée à manger chez mes parents et déjà en retard. C’est bizarre que tu m’appelles maintenant, je pensais justement à toi. Mais vas-y, qu’as-tu à me dire ?
- Rien de particulier, je suis simplement démoralisée : mauvais temps, informations désastreuses etc…,on se demande parfois ce qui tourne rond sur cette satanée terre
- Je vois, tu es en pleine période noire, il est grand temps que tu reprennes tes principales activités, c’est à dire venir en aide à ceux qui en ont besoin, et à ce sujet, j’ai en réserve ce qu’il te faut. Je ne vais pas pouvoir t’en dire plus long au téléphone car je dois partir, mais viens à la maison demain vers 16H, je t’expliquerai tout çà. Bisous, à demain Cathy.
-Attends, dis m’en un peu plus, de quoi s’agit-il ?
- Non, non, demain à 16H, bye.
Voilà, elle a raccroché et moi je suis de plus en plus dépitée. Que se passe t'il ? Qui a besoin de mon aide ? Pourquoi tout ce mystère autour de cette affaire ?
D’instants fugaces en pensées profondes, de perles de brume en rosée d’étoiles, nos chemins nous racontent. Brigitte Sobrino
Préface du premier recueil:
Les deux volets de cette Fenêtre ouverte - deux recueils en fait, proposés dans ce premier livre de Poésie, publié par Brigitte Sobrino - nous révèlent deux aspects complémentaires et contrastés de son talent d’évocation et d’écriture, déjà remarqué en 2005 par l’attribution d’un prix au concours littéraire de Thiberville.
De l’Ombre à la Lumière, met en valeur la prise de conscience sensible de la beauté menacée de la Terre et de la vie, de la force des sentiments, amour et amitié. D’une façon générale la condition humaine avec ses ombres et surtout ses lumières qu’il faut défendre et propager, est au cœur de ce chant, simple et puissant.
De Terroirs en Chemins… et en Petits Bonheurs, prend le lecteur par la main, le cœur et les yeux, de pays en pays, d’images en images, et lui fait partager de beaux moments, liés à des espaces, des paysages, des rencontres toujours bienvenus… Des moments de petits bonheurs qui font la valeur et la saveur de la vie…
Martial Maynadier
Directeur de la Collection Le Parc
Après « Un temps de guerre », « Un temps de collège », « Le temps n’est pas de l’argent », l’auteur nous ramène dans son bon vieux village de Rahon : il a mené une enquête
minutieuse auprès des plus anciens habitants, et fouillé dans les archives pour dresser des portraits « hauts en couleur », originaux, pittoresques, souvent drôles, parfois émouvants de 1870 à nos jours.
Il
nous apporte une mine d’enseignements sur le Rahon d’autrefois qui passionnera les personnes férues d’histoire.
Le titre de l’ouvrage nous invite à découvrir les moments, les espaces mis à nu, les ombres
et les lumières d’un village. Cette juxtaposition dévoile les paradoxes qui existent dans les relations humaines entre le vertueux, l’estimable, et leurs contraires, l’indigne et l’avilissant.
L’auteur semble
vouloir rester en dehors des polémiques du microcosme rahonnais, mais ses sentiments apparaissent soudainement au détour d’un paragraphe, d’une phrase, surtout dans la dernière partie, la plus récente.
On trouve
la plume acérée, tour à tour tendre et féroce, la facilité d’écriture, la capacité d’analyse, l’humour aussi, que Michel Lagut a su exprimer dans ses précédents ouvrages !
Nul doute que chaque Rahonnais, et au-delà chaque lecteur, trouvera un plaisir à la lecture de cet ouvrage et ressentira la nostalgie qui se dégage au détour de certains paragraphes.
Dany Gonnet
Préface
La guerre pour la plupart des français d’aujourd’hui est du domaine de l’ailleurs. Une horreur lointaine, des images, des reportages venus de l’étranger. Préservées depuis quelque soixante dix ans les campagnes et les villes françaises n’imaginent pas la confrontation avec la violence de masse qui s’abat sur toute une communauté, le face à face soudain avec la destruction, la terreur et la mort. Cette menace pourtant, encore présente si proche de nous, qui a ravagé une partie de l’Europe à la fin du siècle dernier dans les guerres de l’ex Yougoslavie et qui frappe encore des populations proches de nous sur d’autres rives de la méditerranée, cette irruption soudaine du cauchemar dans la vie quotidienne, elle demeure dans la mémoire de nos anciens. Les plus âgés ont vécu leur enfance dans un monde où la guerre n’épargnait ni femmes ni enfants, ni civils d’une façon générale. Michel Lagut témoigne ici, avec tout à la fois une mémoire vive et le recul du sage, de ce que furent ces enfances au quotidien sous le signe de la guerre. Son récit fait œuvre de mémoire et aussi d’avertissement. Au-delà de cet intérêt, il révèle un écrivain qui sait mettre en scène ses images intérieures, captiver amuser, analyser. C’est un auteur de bonne compagnie, qui nous livre ici son premier ouvrage, non le dernier à n’en pas douter.
Martial Maynadier
Ces « Instants du voyage » sont ils des poèmes ? Certainement pas des poèmes classiques, encore moins des poèmes « contemporains ». Ce ne sont pas des récits pourtant, ni des contes, mais des « choses vues », des impressions fugaces, souvent notées sur le vif, aux pages de garde d’un livre, compagnon de transports ou d’étapes pour le voyageur souvent solitaire. Au fil de ces « échappées belles », loin du quotidien des jours et des contraintes professionnelles, se dessinent des « instants de vie », parfois en terres lointaines, parfois dans une grande proximité, mais toujours dans un décalage de sensation et de langage, comme des esquisses « peintes sur le motif ».
AVANT PROPOS
L’INVITATION AU JAPON
Cet ouvrage n’a rien d’un guide touristique ordinaire ni d’un vadémécum à l’usage des ignorants. Ce n’est pas un « Japon pour les nuls », comme il est de mode à notre époque, affichant distance et suffisance à l’égard du touriste néophyte, censé se satisfaire d’un guidage objectif, exhaustif et souvent aussi lourd qu’inutile. Masao Komazaki nous offre ici tout le contraire. Une invite respectueuse, subjective, modeste et passionnée à découvrir et connaître son pays tel qu’il l’aime et veut le faire aimer. Une œuvre d’ouverture et de partage. Un accueil à la japonaise, d’une politesse élégante, d’une délicatesse raffinée. Sur le seuil se dresse le « Torii », portail d’entrée des sanctuaires shinto, qui magnifie cette invitation au voyage au cœur d’un Japon, profond autant que quotidien, éternel autant que contemporain. Nous le percevons par « le coup d’œil » de notre guide, cultivé et bienveillant, plus exactement de notre hôte, qui nous invite dans son pays comme dans sa maison, nous en fait visiter les architectures et découvrir les beautés, tout en nous expliquant les usages et coutumes des lieux.
Le regard toujours personnel s’attache à ce qu’il connaît et apprécie, sans jamais s’attarder aux clichés convenus, estampes, Mont Fuji ; l’impasse est faite sur certaines particularités japonaises : Sumo, Mangas, Origami, Ikebana, qui ne sont pas, si l’on peut risquer le terme, « sa tasse de thé ». Le Kabuki est à peine évoqué, l’auteur préfère le Nô, il nous le fait savoir et nous invite à partager avec lui la représentation de sa pièce préférée !
Au fil des vingt chapitres, proposés comme autant d’étapes d’un trop court séjour, s’approfondit pourtant notre connaissance intime d’un pays attachant et humain qui surprend par sa proximité avec notre sensibilité occidentale, et singulièrement française.
Seules quelques villes sont ici évoquées, mais non les moindres, Tokyo, Kyoto, Nara, quelques images de la nature, mais essentielles, cerisiers en fleurs, feuilles d’automne.
Les visites des temples et musées ne s’attardent que sur quelques œuvres, mais un chapitre entier est consacré à l’Ecritoire de Koetsu , l’objet du Musée National de Tokyo que Masao Komazaki « aime le plus ». Ce voyage d’initiation intime et personnel nous permet au total d’entrer dans une relation vivante et bienveillante avec un pays trop souvent caricaturé ou méconnu.
Au final l’auteur nous livre la clé de sa belle entreprise et révèle la genèse de son texte, somme toute une double déclaration d’amour à son pays et à la langue française.
Martial Maynadier
L’atelier d’écriture du Pont des Arts et des Rencontres Culturelles (Blanche Maynadier, (LE PARC) s’est réuni le 18 octobre 2013, à Glisolles, autour d’une activité d’écriture poétique motivée par un tableau de Quentin Geslan : « PLATE-FORME ».
Le présent ouvrage vous propose les textes écrits à cette occasion par Michelle Chevalier, Danielle Davoust, Marie Geneviève Olivier, Marie Claude Robichon, Edith Dambrine, Marie Thérèse Picard, Sylvie Geslan, Claudine Splingart, Martial Maynadier, Martial Geslan et Quentin Geslan lui-même.
Une deuxième partie de ce recueil propose deux textes de Quentin Geslan, précédemment composés pour accompagner l’exposition de cette œuvre.
Une troisième partie vous offre pages blanches pour compléter l’ouvrage selon vos impressions et votre créativité.
Janine Germa propose ici les Poèmes d’une vie dans une œuvre littéraire qui prolonge ses créations plastiques. 3 œuvre sculptées de Janine Germa sont présentées en illustrations.
« Ce n’est pas une fille ordinaire qui vous livre ici quelques repères.
Série d’empreintes où il faut jongler avec des verbes comme chanter, conter, rimer, aider, aimer, soigner, respirer, donner, sculpter, écouter, marcher, conseiller…
Elle est chansons, elle est poèmes.
Elle est un foisonnement où amour et amitié font bon ménage… »
Prologue
Les écrits de ce simple et modeste ouvrage n’ont pas l’intention ni vocation à exprimer une vérité objective, mais visent à rester au plus près de la réalité.
A la lecture du récit, il se peut que certaines personnes considèrent que les souvenirs sont soit altérés ou mis en exergue ; ceci peut être ressenti.
Avec le temps, avec les aléas de la vie, la mémoire s’effiloche. Il n’est pas question de rappeler une tranche de vie avec une énumération non exhaustive des évènements qui ont jalonné cette période de jeunesse.
En résumé : si des camarades avaient la courtoisie de lire cet opuscule, qu’ils le fassent avec aménité et bienveillance, tout en exprimant avec vigueur une critique sans condescendance. On doit toujours entendre une analyse objective venue de ses pairs, ceci est une condition incontournable du respect de la liberté de penser propre à chacun.
Si le texte peut apparaître comme l’expression d’un individualisme écrasant, telle n’est pas sa visée : il n’est pas rédigé pour faire apparaître une suffisance, un amour de soi, un besoin de paraître, tellement commun aujourd’hui.
On n’a pas voulu non plus que le monde du collège s’affiche comme anecdotique, égocentrique et prétentieux. C’était un microcosme relativement clos, mais aussi un lieu où les opinions libertaires cohabitaient avec un conservatisme éclairé.
Pour bien saisir l’atmosphère et le cadre de ce petit recueil, il faut savoir que le collège de l’Arc avait qualité de lycée : l’enseignement y débutait à l’école primaire pour se terminer au baccalauréat.
Michel Lagut
AVANT-PROPOS
Dans sa préface de L’Ecole des Champs, l’écrivain et critique Jacques Mazabraud évoquait un livre « hors du commun » . Sous le ciel de Paris se présente comme la suite chronologique de ce récit d’une enfance paysanne, et l’on ne saurait mieux dire que répéter cette formule à son propos. Hors du commun à plus d‘un titre, ce livre ne peut qu’étonner. Il décrit avec un naturel et une simplicité fraîche et profonde, les choses de la vie de tous les jours, avec à l’arrière plan la fin des années trente, la guerre, l’occupation, mais ce n’est là que toile de fond, certes peinte avec saveur dans sa vérité quotidienne locale et historique, comme l’était le Jura du premier livre, mais le récit majeur n’est pas là. Il est dans l’histoire personnelle d’une vie qui se construit, se défend et s’affirme dans l’adversité parfois la plus rude, dans l’histoire d’une âme résistante qui peu à peu trouve sa voie vers le jour, c’est à dire vers la clarté de la page où s’écriront les textes de la maturité de l’écrivain. Dans cette deuxième époque du grand roman de sa vie qui prépare et annonce le devenir du poète que dévoilera le troisième volume, il nous est donné de lire, les tours, les détours, les hésitations cheminantes qui tracent le parcours d’une destinée.
Ce livre Blanche Maynadier l’a d’abord écrit pour elle-même, pour sa propre mémoire, pour mieux se comprendre en se regardant dans le miroir de l’autobiographie. Elle l’a écrit aussi pour ses enfants, pour leur laisser l’image d’une vie toujours courageuse et souriante, au milieu de tous les aléas. C’est un testament qu’elle nous donne de vive et forte voix, celui qu’elle aurait tant voulu elle-même recevoir de sa propre mère si prématurément disparue. Qu’on me permette de dire ici, combien ce legs et ce témoignage est bien reçu et apprécié, et quelle reconnaissance dans tous les sens du terme, ses enfants et son petit fils, lui ont de ce don. Mais ce livre dépasse son auteur et ses destinataires immédiats, par son exceptionnelle dimension littéraire. Œuvre de grand écrivain et de poète, il parle au cœur et à l’esprit de chacun dans une suite de récits pittoresques, vivants, forts et captivants, souvent riches en suspens, frais et étonnants comme les péripéties de la réalité qui dépasse et dépassera toujours toutes les fictions…..
C’est avec plaisir que j’ai accepté l’honneur d’écrire pour elle cet avant propos qu’elle m’a demandé, le même plaisir qu’elle nous a déjà donné, à ma sœur et à moi, en faisant de nous les premiers lecteurs de son texte.
Martial Maynadier
Préface
“Bang-bang” – Frapper au coeur: de la Sicilie à la Suisse et retour.
Un conte poignant et douloureux sur l’identité, la Sicile; sur les racines, la famille; sur le sacrifice, l’émigration; sur la diversité, deux frères. Conte presque parfait dans sa structure cyclique et dynamique: il s’ouvre avec le voyage de l’émigrant de Sicile, se ferme avec le rétour en Sicile du frère dévoyé. Au centre, le suspense oppressant, comme un triller qui débute lentement et qui ensuite progresse sur un rythme dramatique. On découvre, avec les protagonistes, les verités cachées et le pourquoi de cette fortune en terre étrangère, ce qui se cache derrière le luxe et les vices qu’apporte le bien être, comme il est facile de céder aux tentations du superflu.
Le héros du conte – double comme Dydime - (ancien nom de Salina, île aux deux volcans éteints, île natale de Pippo Cafarella) poursuit fatalement son destin tragique avec une sorte de paresse, avec l’indolence et la résignation du caractère méridional, de sorte qu’il tombe dans un mal qui le désoriente et l’attire dans les liens irrésistibles du sang, sang de la famille, du crime, de l’histoire. “Il faut avoir du cran….” pour vivre et combattre, c’est la recommandation du père et de la mère aux fils – le bon et le mauvais, deux faces de la même âme, frères qui vivent finalement les mêmes choses: le travail/la rapine, l’amour/le sexe, la terre/la fuite, l’honêteté/le mépris.
L’apparent manichéisme de la trame – la lutte entre bien et mal dans le coeur du protagoniste – se fond dans la confusion qui s’installe au début de la narration, et se termine dans une complète superposition des personnages et dans l’échange de leur identité et destin.
Conte visuel, double, théâtral, énigmatique, qui saisit le lecteur dans l’envoûtante attirance de la degradation: qu’est-ce qui fait de cette terre la plus belle du monde, le siège de la violence la plus abjecte?
Comment se peut-il qu’une âme douce comme le pain et les amandes se transforme en un homme vicieux et corrompu? Qu’est-ce qui rend esclaves d’une vie mauvaise, les travailleurs les plus forts et les plus fiers? Il y a au moins deux siècles qu’en Italie, on se questionne sur le pourquoi de la mafia, sur l’origine de toutes les mafias. La sociologie, l’histoire, la politique ont donné, volontairement ou non, des réponses partiales et imparfaites, qui ont perpétué le sacrifice d’hommes irréprochables et vertueux.
Le regard poétique et désenchanté de l’ecrivain nous répond que la mafia réside dans le cœur de l’homme, dans son avidité, dans sa faiblesse, dans la douceur même de la terre qui donne des fruits et des épines, et qui nourrit en même temps le travail et la ruse.
Conte prophétique: avec beaucoup d’avances sur les investigations et enquêtes judiciaires, cette narration a déjà envisagé la diffusion par capillarité des affaires mafieuses au nord et dans les banques europeénnes.
Conte plein de symboles et d’oppositions: le train, la valise, la confiture, la petite médaille de la maman de Sicile et en Suisse, la villa, la voiture de sport, le sexe, l’argent, les banques, la drogue.
Les lieux communs de l’émigration, du boom economique, de la mafia, de la transformatiòn d’un pays agricole en une puissance industrielle, se transforment en simples et puissantes images, éclairant d’un reflet toujours actuel les choix toujours mauvais d’un pays plein de richesses et de culture qui s’est vendu à un modèle de développement trompeur: le pont sur le détroit (de Messine )– dont pour l’instant, la construction a échoué– représente la liaison malade et ambivalente de la Sicile avec le Continent, avec l’Italie et l’Europe, avec la modernité et la dégradation.
Notre auteur cache habilement le fond archaïque de son inspiration: si Turi était resté dans sa maisonnette au pied de l’Etna à travailler la terre et à aimer Rosalba……au lieu de se laisser prendre dans les pièges de son frère amateur des discothèques et des moteurs.
Aussi longtemps qu’un Turi continuera d’accourir à l’appel déloyal, d’un Alfio qui le dénature et le spolie, la mafia continuera à s’enrichir de la chair des plus faibles.
Dans ces temps où l’avidité de quelques-uns a atteint le paroxysme du gaspillage le plus indécent, alors que les multitudes des pays du sud manquent du nécessaire et sombrent dans l’indigence, comment ne pas approuver cette limpide vision néo-stoïque qui nous fait envisager la vertu dans une pure austérité ?
Alors, en definitive, un conte moral qui nous parle d’un monde qui chaque jour doit se defendre de la corruptiòn, de la mafia, de la violence de l’argent, de l’humiliation de la femme, de la trahison des personnes aimées, de la négation de la vie.
Mirella Fanti
CHIMERIQUE
Préface
Sète est une ville de paroles. Une ville étonnante d’intarissables bavards. Peut-être nulle part ailleurs la tchatche n’est portée à ce point d’excellence. Il m’est arrivé d’attendre dans une pharmacie presque vide, derrière une seule personne achetant une boîte d’aspirine, pendant plus d’une demi-heure, jusqu’à ce que la pluie, le beau temps, la saison, la famille, les amis, la politique, les touristes et les arrivées de poissons aient fini de défiler au dessus du comptoir ; j’aurai pu m’assoir et lire « Le Monde » en son entier… Entreprendre une promenade en ville avec un sétois est une expédition périlleuse, on sait quand elle commence, jamais quand elle finit ; de rencontre en rencontre et parfois d’inconnu à inconnu se lient d’interminables échanges et récits. Mais attention, jamais pour ne rien dire ! Ou plutôt pour « tout » dire avec une faconde et une verve qui enchantent la langue ordinaire, lui donne couleur et miroitement à l’image des eaux et des ciels de la méditerranée, redoublée ici par l’étang de Thau… Les deux cimetières même de la ville semblent s’échanger des propos intarissable, Paul Valéry dans celui du haut, répand essais, poésies, analyses, journaux et lettres à profusion, et Georges Brassens dans celui du bas, lui répond de ses innombrables chansons.
Le roman de Guy Vivarez, est à cet égard un roman sétois. Tout ce qu’il y a de plus sétois. Un roman policier, oui, un roman à suspens, oui, mais d’abord un roman de la parole sétoise. Le narrateur disparaît le plus souvent derrière ses personnages parlant et racontant, et quand ils ne parlent pas, on les entend penser ! C’est par la parole, celle du long monologue de la future victime, que commence le roman, c’est par la parole et le contraste langagier entre la figure sétoise du commissaire Toscato, et celle de son adjoint venu du nord, quasi un étranger, « le chti » que se développent ensuite les spirales envoûtantes d’une enquête qui se déploie comme un poulpe local dans les eaux troubles de la ville et de ses arcanes mystérieuses… Le « chti » comme le lecteur non sétois, s’imbibe peu à peu, s’enivre de ce langage fleuri et capiteux, et à la fin de l’ouvrage, il n’est point lieu de s’étonner, que tous les deux, lecteur et « chti » comprennent et parlent le sétois…
Aventure sétoise, aventure policière aussi, à l’égal des meilleurs suspens du genre, le roman crée une ambiance et des personnages. Toscato, fait songer au sicilien Montalbano, à l’américain Colombo ou même au suédois Wallander, il incarne son pays tout en le traversant au fil de son enquête et en dénonçant les travers.
Guy Vivarez ajoute sa touche personnelle à cette enquête locale et haute en couleur, l’œil du peintre. Son personnage, Pablo est comme son double caricatural, comme l’auteur il peint mais se laisse emporter par son art jusqu’au délire, trouvant sublime ce que les autres voient avec détachement voire dégoût ! Jaloux de Picasso, dont il partage le prénom et le goût des sirènes, le personnage est par certains côtés assez peu ragoûtant, mais l’on s’y attache pourtant, précisément par ce rêve visionnaire qu’il porte en lui jusqu’à une sorte d’auto destruction assumée.
Cette part du rêve et des légendes est également un point non négligeable d’intérêt dans ce roman, certes pas pour enfants, mais qui pourtant va chercher et réveille en chaque lecteur le goût des belles histoires du passé, et d’un imaginaire flamboyant où l’amour bien sûr occupe toujours la première place.
A présent bonne lecture, plongez-vous dans ce roman, dont vous n’aurez aucune envie de ressortir jusqu’à la dernière page !
Martial Maynadier
Directeur de La Collection Le Parc
Rue du grand chemin de Guy Vivarez
En préalable...
Sétoise exilée, je me suis glissée avec délice dans cette succulente chronique aux senteurs de l’enfance. Ma proximité familiale avec l’auteur pourrait, certes, entacher mon objectivité mais, telles des «madeleines de Proust», les tableaux défilent dans une réalité qui m’emporte. Dès les premières phrases c’est une totale immersion dans un monde insolite où l’exubérance sétoise est le maître mot, la violence des couleurs exaltant la force des odeurs et amplifiant la truculence du verbe. Le roman se construit, tel un tableau, par touches successives. Les portraits aux accents «balzaciens» métissés de gouaille toute «pagnolesque», conjuguent leurs traits paradoxaux pour brosser une fresque sociale à grand renfort de tonalités rayonnantes
.En suivant les tribulations de Niaprou, nous pénétrons cette rude société de fin du XIXème siècle qui porte en germes les enjeux d’un temps qui bascule. Faisant écho aux idéaux libertaires brandis par la Commune, aux nouveaux modes d’expression culturelle qui bousculent l’académisme établi, ainsi qu’à l’apparition d’un urbanisme haussmannien qui renforce les clivages sociaux, l’auteur introduit une réflexion sur certains enjeux sociétaux et tout particulièrement, avec l’histoire de son héroïne, sur l’avancée chaotique des droits et devoirs de la femme dans cette fin de siècle.
Au fil du récit, on a l’impression d’une composition en abyme, où chaque histoire dans l’histoire donne une vision kaléidoscopique de ce bien surprenant cadre de vie et confère de la profondeur au récit. En outre, la précision de l’écriture y soutient l’intérêt tandis que l’originalité de la langue alimente le plaisir de se retremper exquisément dans cet environnement aux accents «sétori».
Sans plus attendre, je vous invite à pénétrer dans ce microcosme singulier qui, malgré le temps qui passe, a gardé tout son sel. Claudine Vivarez
L'estran, c'est la partie du rivage qui est périodiquement recouverte par la mer.
A chaque marée, des objets s'y déposent : bois flottés, coquilles et carapaces sculptées et trouées par le temps, végétation marine arrachée ou flottante. Les objets inertes, mêlés à toutes les formes de la vie marine, s'assemblent, se séparent, s'animent dans le roulement des vagues et le souffle du vent.
Nouvelles du bord de mer, mais aussi parisiennes, voyageuses dans le temps et l'espace, toujours à la limite du réel et de l'étrange, de l'humain et du mystère des choses et des événements....
OMBRES ET CENDRES
« Sandrine Jouffroy, après La Spirale du temps qui nous transportait dans l’Egypte ancienne et le Paris des années folles, nous fait, à présent, explorer la France de Louis XIV, ou plutôt le revers de ce siècle du Roi Soleil. Comme le titre l’indique c’est la part d’ombre qui est le lot de ses héroïnes, (cette fois mère et fille), traversant les épreuves les plus rudes. Symboliquement, le personnage de la mère vient des confins extérieurs du royaume, des classes les plus démunies et c’est dans le travail des cendres, en s’associant à une troupe de ramoneurs savoyards qu’elle rejoindra notre pays. L’itinéraire des deux femmes est comme irrésistiblement attiré par la lumière de Versailles où un étonnant destin les attend… » M.M.
LA SIPRALE DU TEMPS
Avant propos
UN ROMAN D’AMOUR qui nous emporte dans la spirale du temps :
Sandrine Jouffroy connue de longue date en haute Normandie et bien au-delà, pour son érudition musicale et sa grande capacité à conduire et gérer les Chœurs, révèle ici un talent nouveau, une érudition historique et une connaissance du Cœur, qui lui permettent, en quelques dizaines de pages de « scotcher » son lecteur, avec une rare habileté littéraire.
Elle nous entraîne, au présent, dans l’Egypte ancienne au temps des pharaons, pour y présenter l’histoire à suspense d’un amour hors norme, et, sans transition, nous voilà projetés à Paris dans le monde frivole des années folles, où une nouvelle histoire s’engage qui rejoint mystérieusement la première. Mais est-ce bien une autre histoire, ou la même éternelle, celle des amants, ou amantes, habités d’un feu que ne saurait éteindre les sables du temps tournoyants dans une spirale sans fin.
Le prologue, qui pourrait être un épilogue, nous donne la clé de ce jeu avec l’éternité, à moins que ce ne soit l’épilogue, qui pourrait être un prologue, qui ne nous livre le secret, et la clé de ce très beau roman d’amour, dont la modernité et l’originalité ne manqueront pas de surprendre et d’intéresser l’amical et bienveillant lecteur auquel s’adresse avec proximité et chaleur humaine l’auteure.
Martial Maynadier
Nouvelles de ce village au pied du Mont Roland
Préface de Michel Lagut
L’envie de lire se confirme au fil de la découverte des nouvelles que Many vient d’écrire.
Plus on avance, plus leur alternance, leur diversité, suscitent
une curiosité croissante et permettent de passer un bon moment.
A travers ces textes, on perçoit la personnalité de l’auteure qui sans excès convie au conformisme, mais avec la volonté lucide d’une distance
à l’endroit des principes sociétaux.
On apprécie l’observation, l’écoute des autres dans la douceur de l’analyse sous tendue par le désir de faire connaître les « lignes de vies ».
La légèreté de l’écriture, la fraîcheur des propos permettent de discerner les sensations de la vie, les besoins et les valeurs de personnages soumis à la succession des jours, mais à l’écart
d’une quelconque mondanité.
Chaque lecteur appréciera ces originales chroniques et découvrira l’auteure promise à d’autres textes.
Félicitations à mon ancienne élève pour
ce premier ouvrage qui révèle ses aptitudes à se dévoiler au regard des autres.
Il est divertissant de découvrir ces parcours singuliers qui permettent sans effort de s’exiler des réalités
d’un monde parfois absurde ou barbare, d’autant que l’on est interpellé par l’authenticité des personnages.
L’ensemble affiche une bonne dose d’humour, cette buée sur la transparence qui voile
la vérité fuyante, celle qui ne peut jamais être dite exhaustivement.
En résumé, on voit que les récits ont été pensés ; et comme disait Bergson : « Penser, c’est voir la réalité
nue et sans voile ».
Michel Lagut
MARINIERE AVANT TOUT
Edité par le Musée de la Batellerie de Saint-Jean-de- Losne, ce livre exceptionnel raconte avec les mots du quotidien et de l'oralité mis en forme par Roland Grosperrin, l'histoire d'une femme du peuple, d'une femme remarquable, ayant vécu sur l'eau toute sa longue carrière professionnelle dans le monde de la Batellerie. Son témoignage, émouvant et fort porte sur toute une époque, si proche encore et si lointaine déjà. Au plan humain, comme au plan documentaire, un livre qu'il faut lire et qu'on ne lâche plus jusqu'à sa dernière page. De nombreux et magnifiques documents photographiques le complètent...
CULTURE DES GENS DU VOYAGE
PRÉFACE DE PHILIPPE BARBIER
Culture des gens du voyage…
C’est un grand honneur que Line m’a fait en me demandant de lui écrire la préface de son livre ‘’CULTURE DES GENS DU VOYAGE’’ j’en suis très touché et j’espère être digne de son choix. Merci chère cousine.
Line nous entraîne en voyage et pour une fille du vent c’est bien naturel, la culture de la communauté, les traditions bien évidemment, mais pas que… Elle fait l’éloge du temps passé, il y a de la nostalgie, un peu de mélancolie, mais aussi de la joie comme un grand feu devant les verdines et les guitares. Il nous semble entendre les chevaux hennir, voir les femmes danser. Le campement est proche de la forêt, au loin on perçoit les hululements d’un hibou. Soudain ! Je vois mes oncles le chapeau vissé sur le crâne, ils discutent fort, fument, rient… Merci Line pour ce magnifique témoignage en hommage aux peuples voyageurs, Tsiganes, Manouches, Gitans, Sinti, Yenniches. Ces Elagueurs, rempailleurs, marchands ambulants, couvreurs-zingueurs, artistes comme toi Line, ferrailleurs, éleveur de chevaux, vanniers, sans oublier les arts circassiens.
La famille, les anciens, les ancêtres, peuvent être fiers de toi. Mes compliments et merci chère Line.
Bonne lecture
Philippe Barbier poète, peintre…
Du côté maternel mes ancêtres : marchand Forains, Manouches, Yéniches… Mon grand-père Jules Beauchef, mon arrière-grand-père Victor, mon arrière-grand-mère Anatalie, mon arrière-grand-mère Irma…Beauchef, Emonin, Paillet…
Derniers commentaires
10.05 | 13:25
Hello Didier,
Après Art-Cœur, un autre point de contact avec tes mondes poétiques, j'attends la prochaine rencontre avec impatience,
Christian
24.04 | 07:54
"La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer le silence" (Miles Davis)
08.11 | 18:36
Bonjour, j'ai cotoyé votre maman à Molay et je voudrais vous envoyer une photo que j'ai prise devant sa maison natale
07.08 | 16:21
François Teixeira est un artiste plein de talent, déjà par la qualité et l’originalité de sa peinture, qui suscite l’admiration partout où il expose. Sa créativité s’exprime aussi bien dans le modelage de l’argile que dans le travail acoustique et la création musicale, sans oublier la bande dessinée. Son univers est très particulier et ne laisse personne indifférent. Par la publication de ce recueil il nous permet de pénétrer dans un monde de rêve, ou de cauchemar, de science-fiction ou de dévoilement du réel selon le ressenti de chacun… On parcourt ses récits, happés par le mystère, et le désir d’en savoir davantage page après page. François Teixeira sait nous faire partager son goût de l’étrange et du fantastique.
Martine Naudin Niaussat
Au pied d'un brasier de bois de chêne
Dansent les esprits aux visages blêmes
Écorces calcinées par les flammes qui
Libèrent de toute matière, les âmes.
Derrière, cette ombre crépusculaire,
Éloignée et privée de toute lumière.
Le crépitement comme une lamentation
S'élève en cette nuit de damnation !
Jeté dans la splendeur de cette cécité sublime
Tout alentour devient abîme.
Le soleil commençait à décliner derrière les grands sapins. Sa robe rougeoyante s'étalait à l'horizon d'un ciel d'été dégagé. L'air était doux et agréable. J'aimais sentir cette délicate caresse du vent m'effleurer le visage. Un air de vacances soufflait dans cette campagne éloignée semblant appartenir à un autre temps. Tout était calme. Seul le vrombissement du moteur de notre vieille Mustang, lancée à plein régime à travers cette route désertique, venait troubler la tranquillité des environs. Mon compagnon et moi étions invités au mariage de ma cousine. Elle vivait dans un petit village à l'écart de tout. L'idée de passer trois jours en pleine nature m'enthousiasmait beaucoup. J'avais besoin de me détacher du quotidien de la grande ville bruyante et bétonnée. Cette invitation était donc l'occasion de nous évader le temps d'un weekend.
La route était longue. On avait tout préparé la veille, valises bouclées et rangées dans le coffre de la voiture. On s'était levé à six heures pour espérer arriver avant la tombée de la nuit.
C'est après deux heures passées sur l'autoroute, que nous avons pris la sortie indiquée sur le plan. À cet instant, nous avions laissé derrière nous la civilisation pour nous plonger en pleine nature.
Une bonne heure s'était déjà écoulée. Le véhicule traçait son chemin à travers l'unique route sinueuse et étroite. La lassitude du voyage commençait déjà à nous peser.
Le chemin qui devait nous conduire à bon port s'enfonçait de plus en plus dans les bois. De part et d’autre, les hauts sapins nous faisaient de l'ombre, nous plongeant dans une ambiance vraiment très lourde et lugubre. Les branches des grands conifères empiétaient sur la chaussée effleurant le capot de notre voiture.
Les kilomètres défilaient au ralentit et je tombais progressivement dans un état de somnolence. J'essayais de me ressaisir pour garder un œil attentif. Soudain, une forme noire traversa devant nous en nous coupant brusquement la route.
Malgré de bons réflexes, John avait à peine eu le temps de freiner devant ce qui semblait être un gros animal. J'avais perçu un énorme bruit sourd qui résonna soudain dans tout l'habitacle. Je sentis instantanément après le choc mon corps se projeter vers l'avant, ma poitrine compressée par la ceinture de sécurité me coupant violemment le souffle.
Les ténèbres m'envahissaient pour me plonger dans un rêve à la fois rassurant et angoissant. Je marchais dans un tunnel sombre. John était devant moi et se dirigeait vers une porte au fond d'un couloir qui semblait interminable. J'essayais de le rattraper et de l'appeler. Malgré mes cris, il poursuivait sa marche sans se retourner. Je m'apercevais qu'aucun son ne sortait de ma bouche. Loin derrière lui, je me laissais peu à peu envahir par la légèreté et l'apaisement que je commençais à ressentir en moi. Au loin, John venait d'atteindre la porte. Il se retournait vers moi et j’entendais sa voix qui me disait :
« Viens Jessy, je t'attends...
— Jessy, Jessy... »
L'écho du son de sa voix semblait venir de très loin et répéter mon prénom accompagné de secousses sur mon épaule gauche. C'est à ce moment que j'ouvris progressivement les yeux.
La voiture était garée sur le côté et John était assis sur le siège conducteur. C’étaient donc ses appels que j'entendais dans mon sommeil. Il essayait de me réveiller en me secouant en douceur. Je contemplais d'un air hébété l’habitacle intact du véhicule. Tout semblait calme autour de moi puis soudain, les images de l'accident me sont revenues subitement en tête. Stupéfaite, je bondis sur mon siège.
« Que s’est-il passé ! Où est la chèvre que l'on vient de percuter? »Demandais-je.
John me regardait avec un air perplexe.
« De quelle chèvre tu parles ? Il n'y a aucune chèvre…
— Tu sais bien la chèvre noire sortie de nulle part, l'accident, nous avons bien eu un accident ?
— Mais pas du tout ! Tu as du faire un mauvais rêve. Tu somnoles depuis quelque temps déjà. Je me suis juste arrêtée pour faire une petite pause afin de me dégourdir les jambes. Je t'ai réveillé pour te proposer de profiter également un peu de ce bon air frais de la forêt. »
Je n'avais tout de même pas rêvé. Je sortais précipitamment de la voiture sous le regard déconcerté de John. Il fallait que je voie de me propres yeux l'état de la Mustang. J’étais persuadée que j'allais au moins voir les marques d'une collision sur le pare choc avec un quelconque animal. Une chèvre, un sanglier ou bien même une branche...
Rien ! Toute la carrosserie était intacte. Même pas la trace en amont de coup de frein sur le bitume. Pourtant ces événements me semblaient tellement réels.
Je restai quelques instants, silencieuse tout en contemplant les environs. Un soudain détachement que je n'arrivais pas à comprendre s'emparait de moi. C'était une étrange sensation de légèreté. Quelque chose semblait avoir changé. Mais quoi ?
La voix de John me disant de rentrer dans la voiture pour reprendre notre route me sortit subitement de mes pensées. Et petit à petit, je commençais à retrouver mes esprits.
Au bout de quelques minutes, toutes ces pensées résonnaient dans ma tête comme un vieux songe qui s’effaçait de ma mémoire.
J'étais encore un peu sonnée et légèrement désorientée quand nous reprîmes notre chemin.
« On sera bientôt à court de carburant et il va bientôt faire nuit», m'annonçait John.
C'est à ce moment-là que l'inquiétude commença à s'emparer de mon esprit. Qu'allait-il encore se produire? Décidément, cette petite virée commençait à devenir de plus en plus oppressante.
« Tu penses qu'on trouvera une station-service dans cette zone isolée ? » Je lui posais la question sans trop y croire.
« La prochaine pompe à essence doit être située dans un village à près de soixante dix kilomètres d’ici! »
Malheureusement nous ne trouvâmes rien d’indiqué de plus sur le chemin. Je ne voyais pas comment un commerce aurait pu subsister dans une zone aussi peu fréquentée. D'ailleurs, nous n'avions pas croisé une seule voiture depuis notre sortie de l'autoroute.
« Et tu as un plan B je suppose ? » Je sentais l'agacement monter en moi. Cette situation devenait de plus en plus préoccupante.
« On va probablement devoir s'arrêter quelque part dans le coin pour la nuit et se faire dépanner. »
John m’annonçait cette fatalité d'un air peu préoccupé. Il semblait même accorder à notre situation une certaine complaisance.
« Sur le bas-côté au milieu de nulle part ? » À cet instant l’énervement céda à la colère.
« Si on ne trouve rien dans les environs, nous n’aurons pas trop le choix malheureusement. » À ce moment, John avait déjà entrepris de se concentrer pour trouver une alternative à notre situation préoccupante.
« Je t'avais dit de ne pas abuser de l’accélérateur ! Cette voiture est une véritable pompe à essence.
— Ne t'énerve pas Jessy, j’ai aperçu un panneau qui signalait un hôtel dans le secteur. Ça ne te dirait pas une petite pause romantique isolée du monde ? »
John arrivait toujours à dédramatiser les pires situations. Il apportait toujours un peu d'humour pour détendre l'atmosphère quand il sentait que la situation lui échappait. Cela en général avait tendance à bien fonctionner entre nous jusqu'à présent, mais pour cette fois, c'était bel et bien un échec. J'avais comme un mauvais pressentiment qui ne me lâchait pas. Il était difficile pour moi de me détendre et de rester sereine. À l'écart de toute civilisation nous étions perdus et en plus au milieu de nul part. Il n'y avait rien de très rassurant. Et pour moi, à cet instant, l'humour n'avait pas sa place.