Le Pont des Arts et des Rencontres Culturelles Blanche Maynadier

UN PEU D'ODE DANS LE VIN ... Caroline Aude Vacher

Préface de Martial Maynadier

Directeur de la collection le Parc

Un livre à déguster, à savourer, gorgées après gorgées, une sorte de guide poétique des vins, nous entrainant sur les routes de France, de Navarre, d’Espagne et d’au-delà, dans la quête d’un Graal jamais atteint, de nectar, d’élixir, d’’ambroisie.

Dès l’introduction, le ton est donné, la  rafraîchissante, l’ innocente, mais triste menthe à l’eau est abandonnée, pour une recherche éperdue de boissons plus corsées, plus goûtues, plus empreintes du réel, fruit de l’alliance de la nature et du travail des hommes. Le vin ne se boit pas autant qu’il ne se cherche. Il y a quelque chose dans ce livre d’une quête sacrée. À l’instar de Rabelais le service du vin et le service divin se confondent. Ce n’est pas l’ivresse qui est ici recherchée, mais le flacon qui donnera la rencontre parfaite, l’assemblage d’un terroir et d’une sensibilité.

Ni roman, ni poème, ni métaphore, le texte se développe entre grappes et bouteilles, et nous offre concrètement à connaître et rencontrer des vins, parfois des bières, à les goûter dans l’écoulement suave des mots choisis, à les partager avec l’auteur dans une connivence sans vulgarité.

Ce texte allusif, nous donne à apprécier le carpe diem sans souci de la continuité d’une histoire. Tout en ellipses, il permet cependant une rencontre vraie, et fait penser à ces paroles d’une chanson de Léo ferré :

Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles
à  certaines heures pâles de la nuit
avec des problèmes d´hommes  (ou de femmes) simplement
Des problèmes de mélancolie

Alors, on boit un verre avec eux

en regardant loin derrière la glace du comptoir
Et l´on se dit qu´il est bien tard...

" J'écris seulement si quelque chose me coule du cœur jusqu'aux mains "

                                                                                                                               Christian Bobin

INTRODUCTION

 « La menthe » à l'eau

L'humeur d'une poésie incolore,
Le parfum glacial d'une fraicheur enfantine,
Il y a dans cette boisson, un sentiment de protection, de retour à l'enfance,                                              

Le retour au sens connu,
Et chez elle, la ressemblance à son passé si impartial.

Un verre droit pour le servir et non les rondeurs d'une femme,                                                             

Toujours accompagné d'une paille coudée
Ressemblant à son reflet
À ses épaules et son regard si souvent enroulés et baissés.

Plus ou moins intense selon le sirop ajouté,
Une consommation si facile à réaliser...  
Qu'elle passe inaperçue sur une table en société.

Rarement des glaçons, ni de sucre pour l'agrémenter,
Rien de pétillant,
Simplement l'eau du robinet...  
À  consommer sans modération, une valeur sûre pour toutes les générations.

Une confiance dès le choix sur la carte des mets et des propositions...  
Pas de crainte à la commande, pas même l'angoisse d'être déçu à réception et consommation.
Une valeur sûre, tellement simple, pure, standardisée.

Pour ceux qui veulent rentrer sain et sauf en prenant le volant...                                                                     

Pour ceux qui ne prennent jamais de risque finalement...   

Cette femme comme cette menthe à l'eau
Que tout le monde peut apprécier
Qui apporte cette énergie, cette confiance et vous rappelle l'enfance.

Cette boisson aux couleurs de ses yeux
Qui se noient et varient selon le préparateur rencontré                                                                                     

Du vert pale au vert acidulé,
Mais qui jamais ne fait briller.

Ce verre toujours haut, droit et strict qui ressemble à l'image qu'on lui a façonnée                                       

Par une éducation, des principes, des silences très ancrés.

Laissez-la, maintenant  parler, changer de verre,  de boisson,

de parfum, tourner,

être humée...                                                              

Être coupe ou ballon, avec
Des formes, des rondeurs
Une boisson,                                                                                                                             Pétillante,
Un cocktail, du sucre, des épices,

Granité ou glaçons...                                                                                                                        

Ne la voyez-vous pas ressembler
À ce verre que l'on peut réchauffer, tenir avec habilité, porter à sa bouche avec grâce et sensualité ?
Ne ressentez-vous pas cette femme ?
Telle une boisson que l'on peut sentir, une saveur

qui émane de son corps ?
La délicatesse de fruits et de tanins qui vous enivrent...  

Cette femme qui désire simplement vous rafraîchir, vous délecter, vous rendre ivre d'amour, de tendresse, de sensualité…
De féminité…

Cette boisson verte , ce contenant droit , c'était hier, un passé,

SON passé…

Aujourd hui, apportez- lui…
Un bordeaux, du champagne, un mojito, s'il vous plait!

LA ROUTE DES VINS

Château Mirebeau à l'Artnoa

*

( Grand vin de Graves

- AOP Pessac leognan)

J'ai le souvenir d'une atmosphère conviviale et festive où l'on partage bien plus que le vin qu'on nous propose

ou que l'on choisit.

Il y a le contact des convives qui amplifie la promiscuité, la diversité des voix qui accentue l'étourdissement et la chaleur des lumières commerciales mélangée aux parfums de chacun qui m'ont conduit rapidement à chercher l'isolement.

J'entends chacun qui me parle, me sourit.

J'écoute sans entendre noyée dans cette cacophonie.

C'est déroutant comme sensation.
Mon nez se perd dans le parfum des épices et des divers fruits du panier; du bois à la prairie, du midi au Lillois, il s'emmêle le cassis, la cerise, le poivre, la figue et l'olivier.
Il y a les aromes du vieillissement

et ceux que l'on souhaite éviter.
Trop de mélange et de diversité;

il y a du blanc, du rouge et du rosé.
Les couleurs sont arc en ciel

et je m'étourdis de ne pas m'y retrouver.


On ouvre plusieurs bouteilles ou l’on place au rabais.
Il y a des éclats de satisfaction

ou de grandes déceptions aux palais.

Serrés les uns contre les autres, difficile de s'y retrouver,
Néanmoins c'est curieux chacun se range par région,

c'est même amusant à observer.
On reste fidèle à son climat, son identité; on ressent les habitudes, le désir de ne pas se mélanger.

On perçoit aussi une jalousie, un besoin de prestige et de notoriété; chacun est chauvin de son château, de son cépage, de son appellation.
Le carafage n'a pas toujours suffi à libérer les premières effluves d'animosité.
Il reste beaucoup de pression et de réduction dans cet endroit de valeurs certifiées.

J'essaie tant bien que mal de me frayer une place.
Je garde mon sourire et voyage sans gêne entre l'Espagne et l'Alsace.
Il m'intéresse de rencontrer les atouts de chacun,

d'ouvrir mes connaissances et de me délecter de ce qui représente leurs parfums.

Les vapeurs des corps deviennent omniprésentes

 et confiturées...   Je cherche alors à m'évader, sortir dehors, pour retrouver mon nez.

Je franchis le seuil de la porte et l'air frais extérieur me renvoie un arôme de liberté; un arôme frais et gouleyant qui m'apporte un profond apaisement .

J'ai croisé tant de châteaux, d'appellations et de cuvées que je n'ai pas réussi à repérer qui il était.

Je me retourne, personne pour m'inspirer... 
Il s'est fondu dans la foule

et je n'ai que son parfum pour le retrouver.

Mes yeux cherchent  "en vin" une indication...  

Une étiquette, une présentation, une année…

Rien ne me vient.

Mon attitude n'a pas suffi à attirer son attention ni à montrer à quel point ce simple effleurement m'a éveillé des émotions.

Je reste au frais et mon cœur bat. Je reste avec ce souvenir d'un assemblage fin et délicat.

Je souris de cette rencontre furtive. Le parfum des souvenirs est parfois le meilleur à conserver. Et qui sait ?
Nos chemins se recroiseront peut être au cours d'une nouvelle année ou en savourant ensemble cette cuvée millésimée...  

Derniers commentaires

10.05 | 13:25

Hello Didier,
Après Art-Cœur, un autre point de contact avec tes mondes poétiques, j'attends la prochaine rencontre avec impatience,
Christian

24.04 | 07:54

"La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer le silence" (Miles Davis)

08.11 | 18:36

Bonjour, j'ai cotoyé votre maman à Molay et je voudrais vous envoyer une photo que j'ai prise devant sa maison natale

07.08 | 16:21

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