Le Pont des Arts et des Rencontres Culturelles Blanche Maynadier
Poèmes 1994 - 2019
Extraits :
première partie :
L'arbre solide, enraciné
Dans la terre généreuse
Et maternante
A été déraciné par des mains impies
Il nous disait par sa grandeur
Et son rayonnement
Qu'il ne pouvait pas vivre
Loin de sa terre
La
terre qui l'avait reconnu
L'avait nourri, l'avait béni
Peu importe l'issue,
Il ne s'en ira pas
Il repose dans la terre de ses ancêtres
Libre comme eux
À jamais
Et son aura est aussi belle
Que les cimes de Lalla Khadija
Elle brille encore
Dans les yeux de ces jeunes
Qui passent tous les jours
À côté de l'endroit
Où les barbares ont voulu
L'atteindre et l'éteindre
Pourquoi ?
Murmure tout bas
Le jasmin endeuillé
Pourquoi ?
S'effraye le chat endormi
Sous le mûrier
du parc Zyriab
Pourquoi ?
Pleurent les toiles
Accrochées aux murs du bureau déserté
Pourquoi ?
Semble dire ta tête inclinée
Sur ta poitrine trouée par
les balles
Les balles
De la haine et de l'obscurantisme
Pourquoi ?
S'indigne le pinceau
Qui oublie
L'arabesque inachevée
Pourquoi ?
S'élèvent les cris
de la jeune fille
Agenouillée à tes pieds
Pourquoi ?
Se lamente la beauté insolente
De ce jour de mars
Pourquoi ?
Hurle la voix de l'enfant
Qui dresse ses mains
Pour te protéger
Pourquoi ?
Disent tes grandes prunelles sombres
Plongeant ton regard d'amour
Dans les yeux noirs de haine
La haine qui t'arrache violemment
La rose blanche de tes
mains
Pourquoi ? Pourquoi ?
Saurons-nous un jour
Pourquoi ?
Mars 1994
Extraits deuxième partie :
« On peut tout prendre à un homme sauf une chose : la dernière des libertés humaines, le choix. »
Viktor E . Frankl
Mes souvenirs s'étiolent
Mes mains sont pleines d'encre indélébile
Inutiles les voix qui s'élèvent la nuit ?
Inutiles nos regards profonds sur l'horizon ?
Inutiles nos marches sans relâche ?
Ils ont muselé notre innocence
Ivres de leur pouvoir éphémère
Ephémères leurs sentences macabres
Rien ne retiendra l'aube de se lever.
La pluie douce viendra rafraîchir
Nos blessures écarlates et nos espoirs arc-en-ciel
Le ciel s'embrase à l'horizon
Annonciateur d'une espérance aux mille feux.
Écrit le 19 janvier 2018
Elle brandit un bouquet de fleurs
Pour dire sa révolte
Pour dire sa soif de liberté
Pour dire le chemin
Qu'ils veulent emprunter
Elle brandit un bouquet de fleurs
Pour dire leur identité effacée
Pour dire le flambeau qui ne s'éteindra jamais
Pour dire que le soleil se lèvera
Sur les opprimés
Elle brandit un bouquet de fleurs
Elle, la Femme d'hier, d'aujourd'hui et de demain
Dans la foule embrasée.
Ô toi ma sœur,
Ô toi mon frère
En toi se trouve
Le chemin de ta libération
Ton humour, un souffle d'air frais
Qui donne la force aux assoiffés de justice
D'équité et d'égalité
Le temps est venu
De récolter les fruits de ta patience
Le vent du Sud s'est joint à notre révolte
Pour emporter
Au loin la tourmente
Au loin le chaos
Au loin la confusion.
La danse s'invite à la noce
L'envie de vivre
De la jeunesse
Est tellement forte, tellement présente
Devant les manifestations
Deux pas, quatre pas de danse
Mélissa immortalise la détermination
Des jeunes
Dans cette offrande inédite et si bienfaisante
Une respiration, une détente
Remplacent la pression, la frustration
Face à la révolte sans précédent
De la jeunesse sacrifiée
D'un si grand peuple
D'un si beau peuple.
Au fond de nos cœurs
Résonne l'ultime battement
L'aspiration à la dignité
Sans faille
Sans faille, notre espérance.
Et dans l'envol,
L'envol
Au-delà des brimades et des aspirations
La posture de l'Homme Debout retrouvée
Retrouvée, dans un sursaut soudain
Debout les morts-vivants
Debout les oubliés de la terre
Debout les hommes libres
Libres de penser, libres de choisir
Libres de décider.
Des quatre coins d'El Djazaïr
Retentit un cri
Il vit
Brisant les murailles
De nos peurs et de nos oublis
Ce matin-là
Ils avaient pris un chemin inhabituel
Le chemin de la révolte et du ras-le-bol
Écoutant l'appel des blanches montagnes
Indifférents à l'inertie des discours ambiants
Indifférents aux doutes et aux promesses
Sans foi ni loi
Mais peut-on arrêter le vent
Qui souffle dans les arbres
De Kabylie
Peut-on arrêter
Le jour de se lever
Sur les collines du Télemly
Le peuple survit à la patience
Sans limites
Le peuple a dit non
À la mascarade sans nom
Il vit.
Qui ?
Le peuple.
Anne C
04.03.2020 19:09
Un recueil magnifique, plein de nostalgie et - néanmoins - d'optimisme.
Carol crespin
26.02.2020 21:11
Des textes forts et beaux . Quand l indiscible et l innommable sont sublimés, comment les épreuves peuvent apporter à la création.
Derniers commentaires
10.05 | 13:25
Hello Didier,
Après Art-Cœur, un autre point de contact avec tes mondes poétiques, j'attends la prochaine rencontre avec impatience,
Christian
24.04 | 07:54
"La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer le silence" (Miles Davis)
08.11 | 18:36
Bonjour, j'ai cotoyé votre maman à Molay et je voudrais vous envoyer une photo que j'ai prise devant sa maison natale
07.08 | 16:21